Vallée de Katmandu (Népal)

novembre 2011

Trekking autour de la vallée de Katmandou

&

Découverte du bouddhisme tibétain et de l'hindouisme

Dans ce pays proche du ciel, où les habitants sont aussi chaleureux que les montagnes sont hautes, assister au lever du soleil sur l'Himalaya c’est penser revivre le premier jour de la Création.

Cette randonnée face au Toit du Monde, nous a permis de découvrir les mille et un trésors de cette vallée de Kathmandu, tout en approchant, dans leurs villages, ses différentes communautés (Newar, Gurung, Tamang, Sherpa, Tibétains etc...) et leurs particularités, et d'assister à leurs rites hindouistes et bouddhistes.

Le Népal

Le Népal est un pays de l'Himalaya, enclavé, bordé au nord par la Chine (région autonome du Tibet), au sud, à l'ouest et à l'est par l'Inde. Le Népal possède une très grande variété de paysages, s'étendant du tropical humide du Teraï, au sud, jusqu'aux plus hautes montagnes du monde, au nord. Le Népal possède huit montagnes parmi les dix plus hautes du monde, dont l'Everest qui marque la frontière avec la Chine. Katmandou est la capitale politique et religieuse du Népal, dont elle est la plus grande ville.

Escale à Abu-dhabi

Après un premier vol de 4h 30, au départ de Bruxelles, sur la compagnie des émirats du Golfe "Etihad Airways", nous nous organisons le plus confortablement possible pour gérer la longue escale à Abu-dhabi en attendant le vol qui nous emmènera directement à Katmandu.

Le quartier de Thamel à Katmandu

Depuis plus de quatre décennies, Thamel est le centre touristique de Katmandu. Dans les années soixante, les hippies et de nombreux artistes ont fait connaître au monde entier le Népal et ce quartier.

Même si parfois Thamel a été appelé le «ghetto» par certains, la plupart des voyageurs à petits budgets aiment y séjournent, car ce quartier bénéficie d'un large éventail de magasins, de matériel d'alpinisme et de randonnée, de  pubs, de clubs et discothèques, ainsi que des agences de trekking et de nombreuses maisons d'hôtes.

Les rues étroites sont bordées de petites boutiques vendant absolument de tout, ce qui fait dire aussi que Thamel est une sorte de  « pré camp » de base pour les alpinistes et les randonneurs.

L'hôtel "Harati" à Katmandu se situe en plein centre de Thamel. Nous y rejoignons Denise, Francine et Priscille, qui sont venues expressément de l’île Maurice, via New Delhi,  pour participer à ce « Marcher pour progresser » au Népal.

Sankhu

Le temps de nous acclimater un peu avant d’aborder le trekking, quelques belles visites de villages pittoresques nous attendent dans la vallée de Katmandu dont la concentration en monuments classés par le patrimoine mondial de l'Unesco est une des plus forte du monde.

Sankhu, situé à quelques kilomètres au nord de Katmandu est un ancien relais étape de porteurs vers le Tibet.

Sankhu a conservé son caractère médiéval avec ses rues étroites et ses demeures paysannes.

Nous avons l’impression de remonter dans le temps et d’être les témoins privilégiés de ces gestes oubliés chez nous et humblement répétés par les villageois.  

Sankhu n’a pas changé depuis des siècles. Les maisons paysannes avec leurs fenêtres encastrées et leurs balcons de bois sculptés sont dans un état avancé de délabrement ou carrément en ruine. Ce qui confère un cachet à la fois particulier et poignant à ce lieu.

De nombreux tableaux pittoresques de la vie quotidienne s'offrent généreusement à nous.

 

Bodnath

Bodnath (également appelé Bouddhanath) est l'un des principaux sanctuaires bouddhistes de la région de Katmandou au Népal.

Son stûpa du XIVe siècle qui domine l'horizon est l'un des plus grands au monde. Il a pris la place d'un stupa plus ancien.

 

La base du stûpa se compose de trois terrasses, représentant un mandala géant que les fidèles peuvent parcourir. On peut y voir 108 niches contenant chacune une statue de bouddha. Cette base représentent la terre, la coupole l'eau, la tour surmontant la coupole le feu, la couronne l'air et le pinnacle l'éther. La base de la tour, carrée, constitue le "harmika" qui porte les yeux du Bouddha ; la partie supérieure en forme de pyramide allongée se compose de 13 degrés qui représentent le chemin vers l'éveil.

L'afflux de nombreux réfugiés tibétains du Tibet (en Chine) à Bodnath (plus de 10 000 Tibétains ont rejoint cette région depuis la fuite du 14e Dalaï lama en 1959) a entraîné la construction d'une cinquantaine de gompas (monastères).

Les nombreux monastères bouddhistes témoignent de l'importance religieuse de ce site, étroitement lié à la fondation de Lhassa car il se trouve sur l'ancienne route commerciale reliant cette ville à la vallée de Katmandou.

Bodnath est l'un des 10 emplacements au Népal inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Il est l'un des sites les plus populaires de la ville de Katmandou.

Pashupatinath

Pashupatinath, est le temple hindou le plus important du Népal. De nombreux pèlerins y affluent dont un grand nombre de sadhus. Le site est animé à toute heure du jour. Les berges de la rivière Bagmati à Pashupatinath constituent l'endroit de prédilection pour l'incinération des hindouistes. Aussi, des cérémonies de crémation s'y déroulent à tous les jours.

Construit au bord de la rivière Bagmati, la plus sacrée des rivières au Népal, Pashupatinath étonne le visiteur occidental. Le temple au toit d’or, maison du dieu Shiva, n’est pas accessible aux non-hindous. Shiva, prend ici la forme paisible et bienveillante de Pashupati, le gardien du troupeau, le rassembleur des âmes, celui qui veille sur le royaume du Népal. Un pont permet de traverser la rivière et d’accéder à un long escalier bordé de plusieurschaitya (chapelles) en grosses pierres grises.

Assis autour des chaitya, des sadhus méditent, indifférents à la foule. Ils ont choisi la voie du renoncement qui les fera errer de lieux saints en lieux saints, dans une longue quête pour s’affranchir de tout attachement. D’autres, à moitié nus et couverts de cendres, tendent la main pour obtenir une aumône. Shiva est aussi le dieu aux cheveux ébouriffés, le dieu honteux de l’hindouisme. Ses fidèles se laissent pousser les cheveux et s’enduisent le visage de teinture ou recouvrent leur corps de cendres pour marquer leur allégeance au dieu rebelle.

L’escalier aux larges marches donne sur un vaste promontoire offrant une vue en plongée sur les ghâts de crémation de l’autre côté de la rivière. Un mort, enveloppé dans un linceul, repose par terre près d'un bûcher funéraire. À quelques dizaines de mètres de là, des enfants jouent au ballon sans se soucier de la cérémonie qui se prépare. Des membres de la famille font trois fois le tour du bûcher en portant le corps. Ils le déposent ensuite sur le bûcher et le recouvrent de paille. Le feu est allumé près de la bouche. Le corps s'embrase.

La famille reste là pendant un moment puis descend à la rivière pour le bain rituel purificateur.  Le mort brûlera lentement et ses cendres seront jetées à la rivière. À la manière des chercheurs d’or, un homme en pagne fouille le lit de la rivière avec une grande assiette. Des fleurs mortuaires sont emportées doucement par le courant. De chaque côté de la rivière, la foule des fidèles déambule à travers les vendeurs de fleurs, les sadhus, les mendiants ,les chiens et les singes agités se disputant pour quelques morceaux de nourriture.

Pashupatinath, ce haut lieu de culte hindouiste est, à l’image du Népal lui-même, lieu de contrastes : la vie côtoyant la mort, l'activité mercantile des vendeurs de babioles suppliant des fidèles venus de partout pour se recueillir dans ce lieu de prières béni d’entre tous, l’enfant jouant au ballon près de l’ancêtre qui s’éteint, des ghâts pour les gens des hautes castes jouxtant ceux destinés aux gens impurs des basses castes, des renonçants en quête de sainteté parmi des mendiants déguisés en saints hommes, des femmes enveloppées dans leurs luxueux saris parmi des hommes presque nus barbouillés de cendres, le brahmane se recueillant avant d’officier à une cérémonie à quelques pas des touristes voyeurs surpris par tant d’étrangeté.

Et malgré toute l’animation de ce lieu saint, les mouvements et les bruits feutrés donnent à cette immense place, une ambiance paisible empreinte à la fois de ferveur religieuse, de respect, de tristesse et de joie… car mourir au Népal, c’est aussi renaître !

Swayambunath

Swayambhunath avec l'important stupa de Bodnath à l'est, est un des plus anciens et le plus saint des sites bouddhistes de Katmandou. Il est situé sur une colline surplombant la ville à l'ouest de Katmandou.

Swayambhunath, est parmi les plus anciens sites religieux du Népal. Le temple a été fondé vers le commencement du cinquième siècle. L'histoire du site lui-même remonte apparemment à longtemps avant l'arrivée du bouddhisme dans la vallée de Katmandou. Bien que le site soit considéré comme bouddhiste, le lieu est révéré par les bouddhistes et les hindous.

Le trekking

Au départ de Katmandu, après une liaison chaotique en bus, nous rejoignons le « Shivapuri National Park » et le village de Kakani, accompagnés de notre guide, de trois sherpas, de 5 cuisiniers et de 10 porteurs.

L’intendance est prévue pour que nous soyons en  autonomie pendant toute la durée du trek, ce qui justifie une équipe si nombreuse.

A peine débarqués du bus, les porteurs se mettent rapidement en marche pour installer un peu plus loin notre premier campement.

Les porteurs népalais sont souvent les acteurs principaux d'un trekking. Sans eux, le trekking en Himalaya du Népal ne serait accessible qu'à un petit nombre de trekkeurs. Pour la plupart paysans pratiquant de façon saisonnière un métier de la montagne, les porteurs appartiennent à différentes ethnies (Tamang, Rai, Gurung) et proviennent de diverses régions. Durant les saisons de trekking, ils s'empressent de quitter temporairement leur terre pour gagner le revenu d'appoint dont ils ont besoin pour faire vivre leur famille.

Le Parc national de Shivapuri Nagarjun ,réalisé en 2002, est le neuvième parc national du Népal. Il est situé dans une région de collines de la partie nord de la vallée de Katmandou. Il prend son nom d’après le mont Shivapuri qui culmine à 2732 mètres d’altitude. Le parc couvre une superficie de 159 km2.

Plusieurs enquêtes ont été menées pour déterminer la diversité de la faune dans cette zone protégée. Le léopard indien, le chat de jungle, l'ours à collier du Tibet ont été identifiés. Les ornithologues ont enregistré 318 espèces d'oiseaux.

La journée s’achève et le jour se couche sur la chaîne himalayenne qui borde l’horizon de notre premier bivouac.

Octobre et novembre sont les moments idéaux pour organiser un trekking. La température n'est ni trop froide ni trop chaude dans les montagnes. Mais le ciel est souvent clair.

Le soir, au hasard d’une promenade improvisée dans le village de Kakani, nous sommes invités à une fête bouddhiste.

Dans la foulée des mesures pro-démocratiques prises par le Gouvernement transitoire constitué en avril 2006, le Népal a perdu son étiquette de seul pays officiellement hindouiste au monde à la suite de la promulgation d'une loi sécularisant l'État népalais. Selon le recensement effectué en 2001, 80,6% de la population était alors hindouiste. Le bouddhisme, seconde religion en importance, rejoignait 10,7% de la population. L'hindouisme est principalement répandu dans les basses terres et les Moyennes montagnes.

Le bouddhisme, très présent dans la vallée de Katmandou et dans les Moyennes montagnes, prédomine dans l'ensemble du haut Himalaya népalais. La ferveur religieuse manifestée par les populations tant hindouistes que bouddhistes constitue un trait dominant de la société népalaise.

Entre Brahma et Bouddha

Au Népal, l'hindouisme, souvent qualifié d'himalayen, a emprunté plusieurs éléments au bouddhisme tantrique. De même, le bouddhisme tantrique a puisé dans les tantras hindous, plusieurs des éléments de sa doctrine. Ces deux religions, dans leur forme himalayenne, ont de plus incorporé de nombreuses croyances animistes et des pratiques chamanistes de l'ancienne religion pratiquée au Tibet avant l'introduction du bouddhisme.

Ce vieux fond religieux se manifeste notamment lors des nombreuses fêtes du calendrier népalais, alors que les populations font appel à des rites complexes pour exhorter leurs dieux à intervenir afin que les récoltes soient bonnes. Il se manifeste aussi dans les croyances animistes de certaines populations bouddhistes du haut Himalaya qui attribuent une âme et un pouvoir aux éléments naturels et vénèrent les dieux et les esprits habitant les cours d’eau, les montagnes, les cols. Craignant les mauvais esprits, ils font appel à des chamans pour conjurer le mal et guérir les malades.

Mixité des pratiques religieuses

Aussi, il n'est guère surprenant que l'hindouisme des Newars soit fortement teinté par les croyances et les cultes bouddhistes de leur religion originelle. Pareillement, on comprend mieux que plusieurs fêtes religieuses au Népal soient célébrées tant par la communauté hindouiste que bouddhiste. Qu'un même prêtre, en certaines occasions, puisse officier autant à une cérémonie hindouiste que bouddhiste. Cette interpénétration des croyances explique aussi, du moins partiellement, la relative facilité de l'hindouisation de plusieurs ethnies tibéto-népalaises bouddhistes vivant dans les Moyennes montagnes.

Etape de Kakani à Shivapuri

Comme un escalier menant au toit du monde, s'élève au sud de l'Asie, l'Himalaya, un ensemble de chaînes de montagnes parallèles de plus de 2 500 km de long sur 250 à 400 km de large, formant un arc de cercle orienté est-ouest qui sépare le haut plateau du Tibet, au nord, de la plaine alluviale indo-gangétique, au sud. L'Himalaya s'étire entre la vallée du fleuve Indus à l’ouest, et celle du fleuve Brahmapoutre à l’est. Couvrant une aire estimée à 600 000 km², il se raccorde à la chaîne du Karakoram à l'ouest, et aux chaînes birmanes à l'est. Le versant sud de l’Himalaya coiffent le nord de l'Inde, le Népal et le Bhoutan. Son versant nord vient border le haut plateau du Tibet (Chine).Cette vaste zone constitue l'aire himalayenne.

L'alimentation en trekking est importante. Prendre un solide  petit déjeuner est indispensable avant de débuter la marche. Notre équipe de cuisiniers y veillera, très professionnellement, chaque matin.

Premiers pas pour Priscille et un dernier regard sur la vallée de Katmandu que nous allons quitter pour rejoindre le versant Nord qui nous permettra de contempler la chaîne Himalayenne.

Les Sadhus locaux savent choisir leur lieux d'ermitage, manifestement nettement moins austère que nous aurions pu l'imaginer.

Le passage d'un petit col boisé nous permet enfin d'apercevoir  les montagnes pour lesquelles nous sommes aussi venus Marcher au Népal.

La formation des montagnes

Lorsque deux plaques continentales constituées de roches de même densité entrent en collision, la poussée qu'elles exercent l'une sur l'autre et la pression qui en résulte ne peuvent se résorber que par le plissement de l'écorce terrestre (épaississement de la croûte) ou l'enfoncement de l'une des plaques sous l'autre, qui a pour effet de soulever la croûte terrestre. Les deux phénomènes ont pour résultat l'émergence d'une chaîne de montagnes. Lorsqu'une plaque océanique, constituée de matière dense entre en collision avec une plaque continentale constituée de matière moins dense, elle s'enfonce sous la plaque continentale tout en la soulevant (zone de subduction). Ce phénomène est aussi à l'origine d'une chaîne de montagnes.

Pause déjeuner pour Denise et Priscille heureuses de se retrouver après un petit malentendu sur le bon chemin à suivre dans la matinée. Il faut parfois un peu de temps avant qu'un groupe trouve son unité.

Se situant à la jonction d’aires climatiques distinctes, le Népal bénéficie d’une grande diversité d'espèces animales et végétales. Ses zones climatiques tantôt de type tropical ou tempéré, tantôt de type alpin, engendrent une grande variété d'écosystèmes. On y trouve des espèces typiques tant de l’Europe et du nord de l'Asie que de l’Inde et du sud-est asiatique. Plus de 6 500 espèces d’arbres et de fleurs y ont été dénombrées.

Le climat du Népal varie beaucoup selon les régions et les saisons. La latitude du pays est environ équivalente à celle de la Floride, ce qui lui donne droit à un climat tropical et subtropical similaire existant dans la région du Teraï. Toutefois, en dehors du Teraï, le climat est totalement distinct. Les différences remarquables dans les conditions climatiques sont généralement liées à l'énorme gamme d'altitude au sein d’une courte distance, du nord au sud. La présence de la tendance est-ouest et les massifs de l'Himalaya au nord, tout comme l'altération des saisons de mousson humide et sèche contribuent également beaucoup à des variations climatiques locales.

La saison post mousson débute par une lente retraite de la mousson. Cette retraite amène à la disparition presque complète de l'air humide vers la mi-octobre, inaugurant ainsi un nouvel air frais, clair, un temps sec, ainsi que la période la plus détendue et joviale du Népal. À cette époque de l’année, la récolte est terminée et les gens arborent une humeur festive, célébrant la fin des récoltes.

Le Népal est une société patriarcale où, d'une manière générale, les femmes sont subordonnées aux hommes. À la campagne, le soin des bêtes et les travaux aux champs s'ajoutent aux corvées ménagères. À la montagne, elles travaillent encore plus dur parce que tout est plus loin, plus haut.

Un large sourire et le respectueux "Namasté" traditionnel permettront, le temps de ce fugace croisement des chemins de chacune, une rencontre improbable entre deux statuts de la femme bien différents. "Namasté" est une salutation largement utilisée en Inde ou au Népal et qui est souvent traduite par «je salue le divin qui est en vous».Namasté est communément employé pour dire bonjour et au revoir. Selon la tradition, avec les mains jointes à plat au-dessus de la tête, on salue Dieu ; avec les mains devant le visage, on salue le guide spirituel ou Guru, et avec les mains devant la poitrine, on salue nos semblables.

Très attentive à la nature, Priscille va s'avérer, pendant toute la durée du trekking, une excellente et précieuse lectrice et interprète de cartes.

Deux fois par mois au minimum, ces femmes gravissent les pentes abruptes des colline boisées pour réaliser une corvée collective de bois. Les fagots d'épais rondins sont soigneusement calibrés et assemblés avec soins à l'aide de lianes de bambou.

Tout comme Thierry qui sans aucune simulation tente de soupeser le fardeau , nous avons été unanimement et franchement impressionnés par le poids du fagot si difficile à arracher du sol.

Cette charge portée par ces petites femmes ne peut que laisser Francine, elle aussi, dubitative.

Un peu plus haut dans la pente, nous croisons cet autre groupe de femmes qui se reposent en bavardant, le temps de récupérer, avant de reprendre la descente abrupte, le dos courbés sous les lourdes charges.

Néanmoins cette tâche exténuante n'entame pas la bonne humeur et la gentillesse de ces paysannes qui  préparées dés leur plus jeune âge aux rudes travaux imposés par la vie en montagne.

Notre objectif d'atteindre le col ce soir ne sera pas atteint, car nos porteurs très fatigués ont pris du retard à la fois à cause de notre erreur de navigation de la matinée et de la longueur de l'étape due aux forts dénivelés de cette fin de journée.

La décision de notre guide d'interrompre notre ascension et de camper à cet endroit est tout à fait judicieuse. En attendant les porteurs, nous profiterons des dernières lueurs du jour pour installer le campement dans de bonnes conditions, mais aussi et surtout pour organiser un atelier de stretching indispensable pour éviter les courbatures du lendemain.

Les pastilles de "Micropur" prévues dans la liste de matériel, seront parfaites pour désinfecter l'eau, puisée directement à la rivière, indispensable à la préparation du repas et des boissons ce soir.

Étape de Shivapuri à Chisopani

Malgré la forte humidité ambiante du sous-bois, la nuit s'est avérée douce et agréable pour l'ensemble du groupe. Grâce à la séance de streching d'hier soir, au grand étonnement de certain(e)s, les courbatures redoutées ne sont, heureusement, pas au rendez-vous.

A peine réchauffés au coin du feu, quelques bouchées de Dal bath avalées hâtivement et nos porteurs s'activent déjà à ficeler, tant bien que mal, leurs inconfortables paquetages pour s'élancer en tête de la caravane afin de prendre un peu d'avance sur le reste du groupe qui plus léger, ne manquera pas de les dépasser un peu plus loin

Le Dal Bhat, littéralement « Riz aux lentilles » est le plat emblématique du Népal. Il est composé de riz blanc (bhat) et d'un bol de soupe aux lentilles (dal). Les femmes le préparent dès 5 heures du matin. On le mange tous les jours, 2 fois par jour vers 11h00 et vers 17h00. Il est agrémenté d'un curry de légumes (tarkari) et parfois d'un mélange d'ingrédients épicés (achards). La viande étant peu accessible et non traditionnelle, il est généralement végétarien. Les protéines présentes dans les lentilles en font toutefois un plat équilibré. On le mange avec la main droite sans couverts. Il est toujours servi à volonté, et on ne peut pas refuser de se faire resservir au moins une fois même si on n'a plus faim.

Dés les premiers pas, sans le moindre échauffement musculaire et cardio-respiratoire, nous retrouvons la pente telle que nous l'avons laissée hier soir. Cet exercice violent  n'est pas des plus propices à la digestion de l'omelette et du porridge de notre petit déjeuner.

La végétation est luxuriante et ne dépayse pas vraiment nos amies mauriciennes habituées à la générosité des climats tropicaux. Priscille a trouvé une orchidée dont la caractéristique est de se développer sur des troncs d'arbres.

La piste se fait étroite et nous devons tracer notre chemin sous la caresse légère de jeunes feuilles de bambou.

Nous retrouvons des traces de civilisation en croisant ce chemin, fait d'escaliers de pierres régulièrement taillées et parfaitement assemblées, qui vient de Katmandu et relie le sommet du col. Cette voie historique était destinée à faciliter la tâche des porteurs en route vers le Tibet.

Il est unanimement admis qu’il n’est pas courtois de parler de l’âge des dames. Et pourtant c’est d’un grand compliment dont il s’agit en évoquant les 72 ans de Denise! Bravo Denise ! Bravo pour cette belle leçon de courage, d’opiniâtreté, d’humilité et d’élégance, que tu nous a donnée tout au long de cette marche ! Ton image de marcheuse déterminée sera pour beaucoup d’entre-nous un exemple, qui nous invitera certainement à tenter d'atteindre cet âge avec la même condition physique et le même enthousiasme que toi.

Les escaliers se succèdent inlassablement et la cadence régulière de nos petits pas humblement mesurés pour ne pas nous essouffler, agit comme un mantra sur l'état de nos consciences.

Enfin le sommet du col! Une vue magnifique sur l'Himalaya est au rendez-vous à la première inflexion du chemin!

Nous avons bien mérité de jouer aux touristes le temps d'une photo.

Surtout ne pas se refroidir! Il faut donc reprendre rapidement le chemin, cette fois en descente glissante, dans une nature toujours aussi luxuriante et variée.

Nous retrouvons une piste à jeeps et à camions qui nous mènera, à flanc de colline et sans grands efforts, à Chisopani. Mais avant cela, l'équipe des porteurs et des cuisiniers, qui nous précédaient, à déjà établi un campement provisoire pour le lunch de midi. Nous sommes attendus plateau en main, avec un curieux jus d'orange chaud auquel nous finirons par prendre goût au fur et à mesure de la randonnée.

La vue de la "salle à manger" est parfaite, et les cuisines se sont installées, sans complexe, au milieu de la piste qui, avouons-le, n'est pas très fréquentée par les engins motorisés.

Nous reprenons notre chemin l'après-midi en marchant en silence à distances les uns des autres. Il s'agit d'une technique méditative appelée "marche chamanique".

Le principe de cette technique est très simple et basée sur la "synchronicité"*. Il s'agit de formuler une question, qui vous concerne à ce moment précis de votre existence, et de l'adresser à la nature. Ensuite il suffit de vous mettre en marche en tentant de  "lâcher prise" (sans trop attendre une réponse), tout en étant néanmoins attentif aux différents évènements et signes que le chemin vous fera rencontrer et qui seront éventuellement interprétés comme signifiants. Dans la psychologie analytique  développée par le psychiatre et psychanalyste suisse Carl Gustav Jung la synchronicité est l'occurrence simultanée d'au moins deux événements qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l'association prend un sens pour la personne qui les perçoit.

La "marche chamanique" est terminée et celles et ceux qui veulent témoigner de leur expérience au groupe sont invités faire le récit de leur "voyage". Mais personne n'est évidemment obligé de se soumettre à ce récit parfois très personnel.

Nous décidons de terminer cette étape en groupe et au détour d'un lacet du chemin, Chisopani nous apparaît comme dans un dessin de Cosey.

Une sympathique "auberge-épicererie", idéalement située face aux montagnes, accueillera nos tentes pour cette nuit sur les terrasses en contrebas et notre cuisine sera improvisée dans un local adjacent. Auberge d'autant plus accueillante  que nous y trouverons les premières bières fraîches de notre trek. Nous aurons le choix entre la "Tuborg", la "San Miguel" et l'"Everest" , toutes trois conditionnées en confortables grands formats et brassées au Népal.

A proximité des montagnes, la luminosité et la température tombent très vite. Après le souper et une brève soirée, nous laisserons nos places, au chaud à l'auberge, à notre équipe de sherpas et de porteurs avant de regagner le confort de nos duvets.

Étape de Chisopani à Nagarkot

Notre campement est idéalement situé sur ces terrasses pour que nous puissions profiter d'un inoubliable lever de soleil sur la chaîne himalayenne tout en restant agréablement blottis dans nos sacs de couchage.

Mais le farniente ne dure généralement qu'un temps fort bref lors des randonnées en montagne, car très rapidement il faut se soumettre à l'indispensable rituel du lever et du re-empaquetage de l'équipement. Car une fois de plus, l 'étape sera longue aujourd'hui, environ 7 heures de marche que nous devrons couvrir avant la tombée du jour tout en veillant à respecter le rythme de nos porteurs.

Cette étape doit nous mener à Nagarkot qui se situe à l’est de la vallée de Katmandu et qui est l’un des spots où l’on peut apercevoir les plus hauts sommets du monde, notamment la chaîne enneigée de l’Everest.

Nous sommes au troisième jour de notre randonnée et les porteurs marquent déjà, en ce tout début de journée, quelques signes de fatigue.

Nous changeons de versant pour emprunter un sentier ombrageux et humide propice au développement d'une abondante végétation très riche en formes et en couleurs.

La pente, le revêtement du chemin et la saturation en humidité de l'atmosphère ralentissent le rythme de notre progression.

Le paysage se dégage pour laisser la place à des cultures en terrasses et à des fermes.

Nous profitons de l'hospitalité de l'une de ces fermes Newar pour organiser notre halte de midi.

La mise en valeur de la montagne autour de la vallée de Katmandou repose sur de fortes contraintes : fortes pentes et froid hivernal notamment. C'est pour cela que les versants sont aménagés en terrasses et que les cultures se succèdent en fonction des saisons : riz, pomme de terre, colza, choux, etc... La production est plutôt variée. S'y associent divers élevages : ovins, caprins, bovins, bubalins ; les yacks sont plus haut.

 

La plupart des habitations construites dans les villages que nous avons rencontrés durant notre trekking sont faites avec des matériaux que les habitants peuvent trouver dans leur environnement tels que bois, terre et paille. Curieusement pour nous les occidentaux, avoir sur sa maison un toit en tôles est un rêve pour tous les népalais qui vivent sous des toits en chaume. Un toit en tôle, c’est l’étanchéité absolue, c’est l’absence de travaux d’entretien pendant des décennies. Un toit en chaume c’est le risque d’incendie, les gouttières, les travaux de réparation incessants et surtout la présence permanente d’une vermine variée, de rats… qui viennent y loger.

La gentillesse des népalais n’est pas une légende et donne vraiment envie de découvrir un peu plus encore ce pays.

Lors de la traversée des villages, notre présence ne semble nullement déranger les habitants, qui après les salutations d'usage, retournent vaquer tranquillement à leurs occupations habituelles sans se soucier de nous.

Nous retrouvons la future route en construction,toujours à l'état de pistre, qui mène à Nagarkot.

Il est difficile de se déplacer en montagne, d'y cultiver la terre et d'y bâtir maison. Le sol est instable. Les homme doivent déployer une énergie considérable pour y créer un milieu de vie capable d'assurer leur subsistance. Ils doivent composer avec les effets des glissements de terrain, des avalanches, du gel, du vent et de la forte pluviosité, ou à l’inverse, de la grande aridité du sol selon l'orientation des versants. Au Népal, ils ont construit des terrasses dans le flanc des montagnes pour pouvoir cultiver la terre. Celle-ci ayant tendance à glisser sur la pente sous l’effet de la pluie et du vent, ils ont dû ériger des murets pour la retenir. Ces ouvrages nécessitent un entretien constant.

Au Népal, l'habitat rural n'est pas considéré comme un patrimoine au delà de la famille qui y vit. Donc personne ne voit l'intérêt de le protéger ; on considère qu'il y a des choses plus graves. Les termes d'écomusée ou de musée de l'habitat sont d'ailleurs inconnus ici. Des merveilles vont se perdent pour les générations futures.

L'entrée des villages est souvent marquée par un enchevêtrement de longues perches qui servent aussi,la plupart du temps, de balançoires aux enfants.

Ces montagnes sont intimement liées à l'histoire de l'humanité. Si, pour certaines populations, elles ont constitué un obstacle, pour d'autres, elles ont servi de refuge. Cependant, partout et depuis toujours, elles représentent un défi. Les hommes ont dû redoubler d'ardeur pour arriver à s'y installer et à y vivre.

Il ne s'agit pas déjà des faubourgs de Nagarkot même si la circulation sur la piste s'amplifie et rend notre progression plus dangereuse à l'approche du village de Jarsingpauwa.

Nos porteurs sont fatigués et la sagesse et le respect de ces hommes voudront que nous renoncions au projet d'arriver ce soir à Nagarkot pour trouver un lieu de campement à la sortie du village.

Les Newars habitent principalement la vallée de Katmandou. Des petites communautés newars sont dispersées à travers le Népal dans tous les centres de commerce. Leur population se chiffre à environ 1,2 millions de personnes.

Une auberge en bois récemment construite  au bord de la future route vers Nagarkot fera parfaitement l'affaire ce soir pour organiser notre campement.

Ce soir l'ambiance sera résolument "Châlet" même si la soupe et les "Momos tibétains" remplacent la fondue.

La recette des « Momos Tibétains »

Raviolis fourrés à la viande et aux légumes, servis bouillis ou frits.

4 personnes en entrée,
2 personnes en plat principal

La pâte

300 gr de farine
1 verre d'eau moyen
1 cc de bicarbonate de sodium

La garniture

250 gr d'épinards frais
1 oignon
1 gousse d'ail
1 cc de gingembre en poudre
1 cc de sel
2 cs d'huile.

Préparation

  • Versez la farine dans une grande jatte.
  • Versez le verre d'eau, ajoutez la levure et mélangez.
  • Quand cela a l'aspect d'une pâte, pétrir pendant 5 minutes au minimum. Plus la pâte sera pétrie, plus les momos seront légers.
  • Enfermez la pâte dans un sac en plastique et laissez reposer 20 minutes.
  • Hachez (pas trop fin) les épinards, l'oignon et la gousse d'ail
  • Mélangez dans un bol en ajoutant le gingembre et 1 cuillères à café de sel.
  • Bien remuer les légumes, chassez l'eau des épinards en pressant le mélange sur les bord. Faites le en plusieurs fois car l'eau se reforme après quelques minutes.
  • Au dernier moment, ajouter 2 cuillères à soupe d'huile.
  • Une fois reposée, prendre la pâte et former un boudin de 3 cm de diamètre.
  • Coupez des tranches de 2 à 3 cm de large, vous devez obtenir 20 morceaux. Votre 1er momo ne peut qu'être raté même si vous êtes un petit génie de la cuisine exotique ayant du sang tibétain coulant dans vos veines : entraînez vous avec un morceau de pâte, sans garniture pour l'instant.
  • Saupoudrez le plan de travail de farine.
  • Faites d'abord une petite boule de la pâte, puis aplatissez la en forme de galet entre vos paumes de main.
  • Avec le rouleau, aplatissez d'abord la pâte uniformément, puis affinez les bords. Pour cela, tenez un bord de la pâte élevé et utilisez le rouleau sur l'autre partie toujours horizontale. Un renflement au centre doit persister, ce sera la base du momo qui doit être plus solide.
  • Faites tout le tour comme cela : la pâte devrait se mettre en forme de coque tout doucement. Sinon, ce n’est pas un drame.

Cuisson

  • Versez 1 litre d'eau dans une cocotte minute et portez à ébullition.
  • Huilez la grille adaptée à la cocotte et disposez les momos sans qu'ils se touchent.
  • Les momos doivent cuire à la vapeur pendant env. 10 minutes.
  • Bloquez la grille au-dessus de l'eau bouillante, fermez le couvercle sans mettre sous pression.
  • On peut manger les momos avec de la sauce tomate ou de la sauce de soja.

  • Pour des momos au poulet, on remplace les épinards hachés par du blanc de poulet haché. (Il faut par contre les faire cuire 15 minutes.)

  • On peut aussi remplacer les épinards par du chou blanc, ou faire moitié-moitié.

Les estomacs bien callés par les ""momos tibétains" et la pleine lune voilée par les nuages seront propices aux rêves.

La bonne humeur et les récits oniriques sont au rendez-vous de ce matin dans une ambiance un peu boys scouts.

Nous sommes déjà au quatrième jour de notre randonnée et les courbatures sont derrière nous, c'est donc d'un pas de plus en plus léger que nous quittons notre campement improvisé avec l'espoir de rejoindre le belvédère de Nagarkot pour y contempler la chaîne de l'Everest.

Les rizières, les champs en terrasses, et les jolies maisons multicolores se succèdent tout au long du chemin. Magnifiques images de plus en en plus voilées par une brume qui s'épaissit au fur et à mesure que nous nous élevons en altitude.

Curieusement, loin de nous déplaire , cette brume épaisse tisse une ambiance presque mystérieuse qui nous évoque l'atmosphère très particulière de certaines estampes asiatiques.

Malgré une alphabétisation qui va croissante, certains enfants apprennent encore, très jeunes, à porter des fardeaux, de plus en plus lourds, afin de fortifier progressivement la musculature du cou qui permettra ensuite à l'âge adulte de transporter des charges inimaginables pour nos morphologies occidentales sédentarisées.

Un petit chemin empierré en forte pente nous permet de pénétrer dans Nagarkot en évitant la route.

Nagarkot est l'endroit le plus haut de la vallée de Katmandou (2 200 m d'altitude) et le seul endroit de la vallée d'où l'on peut voir la chaîne de l'Everest en période de mousson. Malheureusement, mais même à cette période de l'année ou nous avions le plus de chance d’avoir un ciel dégagé, notre rendez-vous est manqué avec la chaîne himalayenne.

Nous devrons donc nous contenter d'imaginer les montagnes enneigées grâce à cette table d'orientation .

Étape de Nagarkot à Dhulikhel

Nagarkot est un haut lieu touristique de la vallée de Katmandu. Les hôtels (parfois luxueux), les échoppes de souvenirs et les commerces s'y accumulent dans une joyeuse anarchie urbanistique à laquelle nous commençons à nous habituer.

Néanmoins, ce sera avec plaisir que nous quitterons l'agitation urbaine de Nagarkot  pour retrouver la campagne et l'apaisement que nous procurent les harmonieuses lignes courbes des terrasses qui ont été tracées avec patience et opiniâtreté par des générations de solides cultivateurs Newars.

Le portage humain est le seul moyen de transport possible sur la plupart des chemins étroits du Népal. En l'absence d'infrastructures de transport suffisantes, une grande partie de la vie de relation au Népal s'effectue grâce à un dense réseau de sentiers. Dans les montagnes du pays qui couvrent les deux tiers du territoire, les marchandises se transportent toujours à dos d'hommes, donnant naissance à une activité salariée de portage à gage, qui s'inscrit dans la pluriactivité montagnarde. Cependant, depuis une trentaine d'années, le tourisme de trekking a superposé ses propres itinéraires au réseau des chemins et offert de nouveaux emplois de portage aux paysanneries himalayennes. La dynamique économique et sociale induite par cette activité contribue à une nouvelle structuration de l'espace à l'échelle du pays.

Une belle volée d'escaliers nous attend ! Il va falloir raccourcir le pas et bien veiller à ne pas dépasser son seuil d'endurance aérobie. Le seuil aérobie correspond à un rythme d'endurance que l'on peut soutenir très facilement durant plusieurs heures, lorsque organisme se trouve en équilibre d'oxygène et ne produit que très peu d'acide lactique. Cette allure est confortable, elle se situe à 70 % de la fréquence cardiaque maximale. Pour simplifier, c'est l'allure que l’on peut soutenir durant plusieurs heures.

Tout le monde semble avoir bien géré cette solide grimpette et une soupe chinoise aux nouilles nous attends dans ce sympathique cabanon, très bien tenu par quelques jeunes qui tentent d'améliorer leur quotidien avec ce petit commerce.

Il faudra maintenant redescendre l'équivalent de dénivelé négatif que nous venons de grimper, soumettre notre musculature à un tout autre exercice et nos articulations des genoux à des contraintes parfois beaucoup plus pénibles.

La dimension religieuse et spirituelle est omniprésente, même au fin fond des campagnes, et fait partie tout naturellement du quotidien de tous, petits et grands.

La brume continue à envelopper notre étape d'un charme très particulier.

Afin de raccourcir un peu le chemin, notre guide décide de couper à travers les villages et les habitations, ce qui nous permettra de découvrir de très près l'organisation des maisons, des fermes et des jardins.

L'agropastoralisme est le mode de vie le plus répandu dans les grandes régions montagneuses du globe. En basses et moyennes montagnes, on pratique la culture en terrasses et l'élevage du mouton et de la chèvre. En plus haute altitude, l'élevage devient le principal moyen de subsistance tandis que les cultures se limitent à quelques céréales nordiques et quelques variétés de légumes. L'élevage revêt plusieurs formes.

La (très) longue étape se clôture à la tombée de la nuit à Dhulikhel. Nos porteurs sont encore bien loin derrière nous sur le chemin et il ne faut pas espérer pouvoir monter le camp de si tôt. Nous nous réfugions dans un établissement digne d'un roman d'aventure ou d'un polar exotique à 5 sous. Les murs de la gargote sont tapissés d'affiches de cinéma issues de "Bollywood", la bière est fraîche et les "momos tibétains" sont excellents malgré l'aspect crasseux de la cuisine. Quant aux patrons de l'établissement et aux consommateur, comme toujours au Népal, ils ne se départissent ni de leurs sourires ni de leur serviabilité.

L'ambiance de notre groupe et de notre équipe est à son comble dans ce lieu insolite et franchement jubilatoire.

Comme dans les fables "Tout est bien qui fini bien!". Les porteurs sont enfin arrivés et nos clôturerons cette journée particulièrement dense en efforts et en sensations par l'habituelle soirée aux chandelles. Ce soir, notre conversation tournera autour des porteurs et de l'équipe des 5 cuisiniers qui nous impressionnent vraiment par leur énergie d'avoir été encore capable de préparer notre excellent repas après cette rude journée.

Étape de  Dhulikhel à Panauti

Le beau temps n'est pas franchement au rendez-vous ce matin. Nous recevons la visite de voisins manifestement intrigués par notre groupe et peut-être aussi par nos accoutrements de trekkeurs dans ce pays où les porteurs se contentent d'un équipement des plus sommaires et de chaussures des plus rudimentaires pour transporter des charges énormes, sur de longues distances, à des altitudes impressionnantes.

Dhulikhel fut connu sous le nom bouddhique « Shrikhandapur ». Ce village typique newar est situé à l’est de la vallée de Banepa près de villages Tamang, à 30 km de Kathmandu. Il est réputé pour son point de vue donnant sur les sommets enneigés de l'Himalaya, ou ses couchers et levers de soleil derrière les monts Langtang ou de l’Everest.

Les premières impressions peuvent s'avérer trompeuses. L'architecture de Dhulikhel peut apparaître à première vue sinistre, mais les habitants sont accueillants et au fil de notre "trek urbain", le village, dévoilera peu a peu ses charmes et son ambiance singulière.

A Dhulikhel quelques stûpas sont mêlés à des temples hindous dédiés à Bhairava, Siddhi, Shivi, Narayana ...

Nous quittons les hauteurs de Dhulikhel sous l'oeil bienveillant et serein de Bouddha pour entreprendre la marche qui nous permettra de rallier le temple de Namobuddha.

Le chemin est agrémenté par la traversée de plusieurs villages, ce qui nous permets de faire plusieurs rencontre et de converser avec les habitants souvent désoeuvrés.

Bien que l’on puisse se laisser transporter par les paysages, il est essentiel de se rappeler d’éviter la déshydratation en randonnée, car comme dans toute autre activité sportive elle amène des effets dommageables dont la diminution de la capacité physique.

Un fin crachin qui nous a obligé à sortir les vestes et les capes de pluie mais la température est agréable.

Ayant côtoyé la population Newar pendant plus de 25 ans, Gérard Toffin (1996) a effectué des études ethnologiques très poussées sur cette société. Voici comment il décrit la société traditionnelle newar.

C’est une société repliée sur elle-même, volontiers secrète, compartimentée en une multitude de cellules jalouses de leur autonomie. Tout dans les vieilles agglomérations de la vallée de Katmandou respire la crainte et la méfiance. Chaque ville, chaque village, chaque caste constitue un monde clos et prend plaisir à souligner ses spécificités... Tout ce qui vient de l’extérieur leur est a priori suspect, jaugé avec une certaine circonspection... Ce besoin de fermeture, lié à des hiérarchies solides reposant sur des lois invariables résistera-t-il aux changements récents ?

La piste boueuse est jonchée détritus et d'emballages divers.

Il y a 50 ans, personne ne parlait au Népal de sauvegarde du patrimoine naturel, de protection de la faune et de la flore, ni de pollution. Du fait de l'augmentation des trekking et des expéditions, certains camps de base s'étaient transformés au fil des années en véritable décharge publique : boîtes de conserves , tentes déchirées, bouteilles d'oxygène et autres détritus jonchaient le sol. La prise de conscience en occident et la réglementation népalaise ont bien amélioré les choses. Les trekking et expéditions ont maintenant l'obligation de ramener leurs déchets à Katmandu pour pouvoir récupérer la taxe versée à cet effet. Mais...?

Nous prenons un peu de repos à la terrasse l'auberge d'un sympathique petit village blotti sous le site sacré du temple de Namobudda.

Namobouddha est un centre religieux important. La légende dit que bouddha durant son pèlerinage, se donna en pâture en ce lieu a une tigresse affamée incapable de nourrir ses petits.

Preuve de la grande tolérance des bouddhistes, l’accès aux cérémonies est tout à fait libre, à condition de se déchausser et de ne pas faire de photographies. Nous aurons le privilège d'assister à un office qui réuni plusieurs centaines de moines, de moinillons et de moniales. Les psalmodies, les tambours, les énormes trompettes, les clochettes et les cymbales auront vite fait d’ébranler notre vigilance  et même de plonger certain d’entre-nous dans un léger état de conscience modifié et surtout de rencontrer une surprenante émotion.

Les drapeaux de prière (ou drapeaux à prières) sont des panneaux colorés ou de petites pièces de tissus rectangulaires souvent suspendus aux passages de cols et sommets dans la région de l’Himalaya.

Ils sont de deux sortes :

les loungta (lungta) ou « chevaux de vent » Ce sont des guirlandes de petits rectangles de tissu imprimés de différents mantras ou de prières. Ils sont souvent de cinq couleurs : blanc, jaune, vert, rouge et bleu. Ils sont considérés comme des porte-bonheur possédant la capacité d’écarter les difficultés.

les darchok

De longues bannières de tissu sont accrochées à des mâts de trois à cinq mètres de haut. Le vent qui souffle caresse au passage les formules sacrées imprimées et les disperse dans l’espace, les transmettant ainsi aux dieux.

Significations des couleurs :

  • rouge : le feu
  • vert : l'eau
  • jaune : la terre
  • bleu : la voûte céleste
  • blanc : l'air, les nuages

Les cinq couleurs des drapeaux de prière tibétains représentent également les cinq directions (nord, sud, est, ouest et centre) mais aussi les cinq bouddhas de méditation et les cinq sagesses. Les cinq sagesses sont: la compassion, l'harmonie, la sagesse de la vue, la bonté et la sagesse parfaite.

Un stūpa  est une structure architecturale bouddhiste et jaïna que l'on trouve dans le sous-continent indien, dont il est originaire, mais aussi dans le reste de l'Asie où il a suivi l'expansion du bouddhisme. C'est à la fois une représentation aniconique (L'aniconisme est l'absence de représentations matérielles du monde naturel et surnaturel dans différentes cultures) du Bouddha et un monument commémorant sa mort.

Un autel bouddhiste est composé de 8 offrandes qui sont : - l'eau pour se désaltérer - l'eau lustrale - les fleurs - l'encens - la lumière - l'eau parfumée - la nourriture - la musique

Ces offrandes sont offertes dans 7 bols. La lumière est généralement une lampe à beurre ou à huile, ou bien une veilleuse électrique. Chaque offrande à une correspondance symbolique. La première offrande a pour finalité d'apaiser la soif produite par les passions. La seconde offrande à pour but de purifier nos voiles. La troisième offrande à pour but « d'ouvrir en notre esprit le lotus de la félicité vide ». La quatrième offrande de l'encens nous rappelle au développement du non attachement. L'offrande de la lumière symbolise la connaissance. L'offrande de l'eau parfumée nous conduit vers la vacuité et la compassion. L'offrande de la nourriture à de nombreuses significations, cette nourriture permet de vivre et donc d'atteindre l'Éveil. Enfin, la dernière offrande de la musique sert à honorer.

Les moulins à prières

Un moulin à prières (mani korlo en tibétain) est un objet cultuel utilisé par les Tibétains pratiquant le bouddhisme. Le moulin à prières traditionnel est constitué d'un cylindre rempli de mantras et pouvant tourner librement autour d'un axe. Selon les croyances associées à cet objet, actionner un tel moulin a la même valeur spirituelle que de réciter la prière du mantra, la prière étant censée se répandre ainsi dans les airs comme si elle était prononcée. Les moulins souvent disposés en longues séries sont mis en mouvement l'un après l'autre par le fidèle qui passe devant eux. Le fidèle déplace les moulins avec sa main droite. Et le moulin doit être tourné dans le sens des aiguilles d'une montre, afin que le mantra soit lu dans le sens où il a été écrit.

Il est maintenant grand temps de quitter Namobuddha car quelques heures de chemin nous attendent encore avant de rejoindre Panauti.

Andréa,un voyageur italien rencontré au temple, s'offre quelques mois de vacances sabbatiques en Inde et au Népal et s'est joint à notre groupe. Nous l'inviterons ce soir à notre table.

La récolte du riz, plantée au mois de juin, a lieu chaque année en novembre. Nous ne résistons pas à partager  ces moments privilégiés avec les paysans qui travaillent joyeusement en petites collectivités ou la mixité est de règle.

Certaines habitations dans les villages traversés nous permettent de constater des dégâts dus aux tremblements de terre. Tout à fait au sud de la chaîne himalayenne, à seulement 240 km au sud-ouest du Mont Everest, la capitale du Népal, Katmandou, se situe à la jonction entre les plaques indienne et eurasienne. Les géologues avertissent que la présence de nombreuses failles le long des montagnes himalayennes comporte le risque d'un événement sismique de très grande ampleur dans la capitale népalaise. Le plus grave, c'est que le pays est très mal préparé contre les tremblements de terre: les techniques de construction népalaises sont inadaptées et la population urbaine ce cesse de croître. La guerre civile qui a duré 10 ans a pris fin en 2006; depuis, on ne peut pas dire que le Népal ait vraiment connu de stabilité politique ou de développement économique. Aussi, les pouvoirs publics n'ont-ils pas pu se prémunir contre les catastrophes naturelles.

Les maisons aux boiseries sculptées foisonnent. Le Népal mérite vraiment sa réputation de "musée à ciel ouvert".  

Les sourires un peu fatigué de Pierre et de Thierry attestent de la fin imminente de cette étape riche en nombreuses sensations mais physiquement assez éprouvante.

Enfin Panauti!

L'hygiène en trekking va permettre de rester à la fois "propre" et en bonne santé générale. L’hygiène de randonnée connaît des spécificités. Il faut principalement être attentif à l’hygiène des pieds car c’est un zone où l’effort est intense, l’humidité et la chaleur présente ce qui facilité les infections et en cas de problème vous ne pourrez plus marcher. De plus l’hygiène bucco-dentaire est à surveiller et à prévoir à l’avance si vous ne voulez pas souffrir du mal de dent durant une randonnée. Et enfin, l’hygiène générale également à prendre en compte même si durant une randonnée ou une expédition les normes hygiéniques sont moins strictes que durant la vie en société.

Étape de Panauti à Godawari

Le service matinal est toujours aussi impeccable et la bassine rouge avec un peu d'eau tiède nous attend au réveil pour nos ablutions.

Située à 35 km au sud-est de Katmandou, Panauti est une petite cité newar de moins de 10.000 habitants. Au XIIIème siècle, Panauti était le siège d’une principauté indépendante, dont quelques vestiges du palais princier demeurent visibles au centre de la ville. A la fin du XVIIIème siècle, Panauti a été intégrée dans le nouveau royaume unifié du Népal, fondé par Prithvi Narayan Shah. Après Katmandou, Patan et Bhaktapur, les trois anciennes capitales de la vallée de Katmandou, Panauti, qui recèle une série de monuments religieux bouddhistes et hindouistes, peut être considérée comme la principale cité médiévale de la région de Katmandou.

Les temples sont très nombreux dans les villes népalaises et Panauti ne déroge pas à la règle.

L’urbanisation galopante au Népal est un aspect critique du risque environnemental. Au-delà de l'anarchie des constructions le développement de décharges sauvages au cœur même des villes ou dans les campagnes, la surconsommation de la ressource rare qu'est l'eau et l’ absence du traitement des eaux usées sont malheureusement actuellement toujours monnaie courante.

Les plus hautes régions de l'Himalaya sont recouvertes de neige toute l'année malgré leur proximité avec les tropiques, et les glaciers alimentent de nombreuses rivières.

Les maisons Népalaises sont très rudimentaires, oubliant toute notion de confort. Cependant d’une maison à une autre nous retrouvons la même organisation de l’espace et la même utilisation d’objets traditionnels. La maison est composée d’une pièce principale. Dans les maisons aisées, il peut y avoir une chambre commune attenante. A moindre altitude les murs extérieurs des maisons sont en planches de bois, plus haut, ils sont en pierre. Le sol est fait des grandes planches ainsi que les cloisons intérieures. Il n’existe pas de salles de bain, ni de toilettes. C’est dans la rivière pour la douche, ou le robinet commun du village. Pour les toilettes c’est dans une cabane…

La pièce principale s’articule autour du foyer. Il n’existe pas de conduit pour évacuer la fumée, qui s’échappe librement et teinte de noir tout le bois de la maison. La jonction du toit avec la maison n’est pas hermétique, ce qui permet d’évacuer la fumée. Le foyer peut-être équipé d’un système de cuisinière. Un four en glaise entoure le feu. Ce four reste ouvert au niveau du foyer. Sur le dessus il y a des ouvertures pour y poser les casseroles. Dans quelques maisons, ce four est parcouru de tuyaux qui chauffent l’eau du baquet. Autour du foyer il y a des étagères pour la vaisselle et la nourriture. Dans toutes les maisons ces étagères sont ordonnées avec précision.

Nous sommes surpris de nous arrêter si tôt ce matin pour le lunch. Mais lorsque nous reprendrons notre chemin après le repas, nous comprendrons rapidement le pourquoi de ce choix logistique judicieux, car la fin de l'étape va s'avérer très sportive et les endroits propices à un bivouac confortable ne seront pas légions.

A partir d'ici, l'étape va se terminer en beauté tant sur le plan esthétique que sur le plan physique, car de magnifiques paysages vont se mêler et se succéder à de solides dénivelés positifs et négatifs jusqu'a Godavari.

L’utilisation de bâtons de marche :

  • Réduit les impacts et la charge sur les articulations (genoux, chevilles, hanches, colonne vertébrale, etc.).
  • Renforce l’équilibre, la stabilité et diminue les chances de glisser, tomber et par conséquent de se blesser.
  • Aide au franchissement d’obstacles.
  • Réduit la fatigue musculaire du bas du corps en faisant travailler le haut du corps.
  • Régule le rythme de marche et la respiration. En ayant un rythme régulier vous êtes plus efficaces et moins fatigués.
  • Permet de marcher plus vite pour un même effort.
  • Améliore la posture de marche.
  • Réduit le gonflement des mains et des doigts.
  • Permet de tester la stabilité des rochers, l’épaisseur de neige ou de boue, la profondeur de l’eau, etc.
  • A des usages divers et variés. Les bâtons de marche peuvent – entre autres – servir à réaliser des abris, à planter une tente dans la neige, à repousser des animaux, à fabriquer une attelle, à faire avancer une personne qui vous accompagne, etc.

Nous finirons tous par arriver à Godawari après une descente sportive et sollicitante pour nos genoux. Notre guide, pourtant habitué à ce genre d'exercice ne manquera pas de s'offrir un petit somme de récupération à l'arrivée.

Dernière soirée du trek. Pour fêter l'évènement, notre équipe de cuisinier est même parvenue à cuire un excellent gâteau avec les moyens du bord.

Étape de Godawari à Chapagaon

C'est déjà le dernier jour du trek! Raison de plus pour savourer une dernière fois le thé servi dans la tente avant de boucler nos sacs.

Aujourd'hui, c'est une journée de repos  pour nos porteurs, qui rentreront en bus à Katmandu prendre un repos bien mérité avant de probablement repartir avec un autre groupe sur un autre itinéraire. Telle est la vie de ces jeunes népalais.

Petit pincement au coeur et dernières photos souvenirs avant de nous séparer.

Francine, Pierre, Priscille et Denise tracent sur la carte le circuit que nous avons effectué, avant de prendre le chemin pour la demi étape du matin qui doit nous conduire à Chapagaon, où un véhicule doit nous attendre pour nous ramener à Katmandu.

Nous nous mettons en route à l'heure ou les enfants se rendent à pied à l'école.

Le secteur de l'éducation a mis longtemps à se développer au Népal. La famille Rana, qui a gouverné le pays de 1850 à 1951, s'est fermement opposée à l'instauration d'un système public d'éducation, voyant là une menace potentielle à son pouvoir. Elle a néanmoins favorisé l'éducation des enfants de hautes castes en privilégiant un système privé d'enseignement dispensé en langue anglaise.

Lorsqu'un Premier Ministre Rana proposa d'instaurer un système d'enseignement en nepali accessible à toutes les couches de la population en 1901, son gouvernement fut renversé. Néanmoins, quelques écoles privées continuèrent à enseigner en langue nepali. La Durbar hight school jusque là réservé à l'élite politique, commença à ouvrir ses portes à d'autres enfants de familles aisées. Les couches sociales plus aisées prenant de plus en plus conscience de l'importance de l'éducation, favorisèrent la construction de nouvelles écoles, pavant ainsi la voie à une véritable réforme de l'éducation.

En 1954, la National Education Planning Commission fut fondée afin de mettre sur pied un véritable système d'éducation. Les études de niveau universitaire sont devenues possibles en 1959 avec la création de l’Université Tribhuvan à Katmandou. L'enseignement primaire devint obligatoire et gratuit en 1975. Un ministère de l'Éducation s'est vu confier la responsabilité du financement, de l'administration et de l'inspection des écoles publiques de même que des écoles privées subventionnées par le gouvernement. Le Népal compte maintenant cinq universités.

En 2001, le taux d'alphabétisation de la population était de 53,7% : il était cependant beaucoup plus élevé chez les hommes que chez les femmes et aussi plus élevé dans les régions urbaines que dans les régions rurales. Le Népal comptait alors 26 036 écoles primaires et 11 639 écoles secondaires. Tandis que 80,4% des jeunes en âge de fréquenter le niveau primaire fréquentait effectivement l'école, ce taux se situait à 20% seulement pour le niveau secondaire.

Le Népal semble donc disposer d’un réseau d’écoles primaires et secondaires bien établi d'après les chiffres officiels. Toutefois, le système scolaire souffre de différences régionales importantes quant à la qualité de l'enseignement et à la facilité d'accès à l'école. Les régions éloignées au nord du pays sont nettement désavantagées. En outre, même lorsqu'une école est accessible dans ces régions, beaucoup d'enfants ne la fréquentent pas ou doivent se contenter de quelques années d'études parce qu'on a besoin d'eux pour les tâches domestiques et les travaux aux champs. L'éducation des filles est jugée moins nécessaire que celle des garçons par de larges secteurs de la population.

D'une manière générale, malgré des progrès indéniables en matière d'accessibilité à l'école, les élites bénéficient davantage du système d'éducation. Pour des motifs principalement économiques et culturels, leurs enfants accèdent en plus grand nombre à l'école, ils y poursuivent leurs études plus longtemps et plusieurs vont même parfaire leur formation à l'étranger, ce qui leur confère un avantage et un prestige indéniables à leur retour au pays.

Les briqueteries (parfois clandestines et extrêmement polluantes) sont nombreuses dans les environs de Katmandu, car l'habitat traditionnel dans la vallée est essentiellement fait de briques et de bois. Il est très fréquent aussi de croiser dans les villages des tas de briques neuves portant l'estampille de leurs lieux de fabrication.

Denise continue à épater tout le groupe par son rythme de marche et sa vitalité.Nous profitons de ces derniers kilomètre à plat pour tester la technique respiratoire de la "marche afghane".

La Marche Afghane

C’est en Afghanistan, sur le chemin des grandes caravanes, qu’Edouard G Stiegler, à rencontré pour la première fois un groupe de caravaniers marchant à vive allure à côté de leurs dromadaires.Ces hommes, la plupart d’âge moyen, le visage buriné, le regard fixé à quelques mètres devant eux, parfois vers l’horizon, avançaient,en tenant leurs montures par le licol, à pas régulier, avec une ardeur que rien ne semblait devoir faire fléchir, absorbés en eux  mêmes, résolus comme leurs bêtes surchargées de ballots énormes.Ces nomades qui venaient de faire un voyage de 700 km d’une seule traite, seulement entrecoupés de bivouacs nocturnes et à une altitude avoisinant les  2 000 m, offraient le spectacle de grands voyageurs poussiéreux mais pas celui de gens fatigués.Quelques jours plus tard, grâce  l’air froid ambiant et à la formation de vapeur d’eau ,Edouard G Stiegler pu observer, la cadence respiratoire d’un homme seul, venant de parcourir 38 km en 6 heures en compagnie d’un grand dromadaire particulièrement chargé.Ce moyen commode pour analyser la synchronisation du rythme de la marche et de la respiration des nomades permit ensuite à Ronald D Stiegler de tester divers rythmes respiratoires sur toutes sortes de parcours en Afghanistan dans diverses circonstances de terrain, d’altitudes et de pentes.Ces rythmes respiratoires synchronisés à la marche ont été baptisés « Marche Afghane ».

Chapagaon est un village situé au sud de Kathmandu. Il est célèbre pour les festivités qui ont lieu au temple tantrique de Vajra Varahi, l’une des incarnations de Vishnu.

Vishnou ou Vichnou également appelé Hari, est le deuxième dieu de la trimourti(également appelée la « trinité hindoue »), avec Brahma et Shiva. La trimourti incarne le cycle de manifestation, conservation et dissolution de l'univers dont Brahma est le créateur, Vishnou le protecteur et Shiva le destructeur.

Les temples hindous ont hérité des rites et des traditions riches et anciennes, et ont occupé une place particulière dans la société hindoue. Ils sont d'habitude dédiés à une divinité primaire, appelée la divinité tutélaire, et les autres divinités subalternes associées à la divinité principale. Cependant, quelques temples sont dédiés aux multiples divinités. La plupart des temples majeurs sont des sites de pèlerinage.

Le temple est un lieu pour le darshan (la vision de l'être-divin), pour la pūjā (le rituel), la méditation, parmi les autres activités religieuses. La pūjā ou adoration, utilise fréquemment l'aide d'un mūrti (la statue ou l'icône dans laquelle la présence divine est invoquée) conjointement avec la chanson ou la prière sous forme de mantras. La vénération de ces mûrtis est faite tous les jours dans un temple. Cette forme d'adoration d'icône et de temple, appelé la pūjā, est partie intégrante de la bhakti. La plupart des maisons hindoues ont aussi une section consacrée, un autel, pour l'adoration quotidienne des divinités avec les icônes et un lieu de méditation religieuse.

Cette publicité agit manifestement comme un aimant sur le groupe qui commence à sentir la fin du trekking et l'approche de l'écurie.

Un petit passage au bistro du coin, le temps pour notre guide de fixer, par téléphone, un point de rendez-vous avec notre taxi, à la sortie de la ville que nous souhaitons absolument traverser à pied.

Nous ne regrettons vraimentpas d'avoir traversé le beau village de Chapagaon à pied. Le taxi, qui est bien au rendez-vous fixé par notre guide, va progressivement nous ramener à la civilisation dans la cohue indescriptible et malheureusement aussi dans la pollution de Katmandu.

La métropole urbaine de Katmandou souffre d'une dangereuse croissance du niveau de pollution de l'air. L'Himalaya au nord et Mhabarath au sud forment une barrière autour de la vallée de Katmandou qui empêche la dispersion de l'air pollué hors de la vallée. Ceci aboutit à des pics de pollution saisonniers qui approchent le niveau dangereux des zones industrielles des autres nations.

De manière simple, la situation géographique de Katmandou influence les concentrations de pollution aérienne et particulièrement durant les mois d'hiver, pendant lesquels les circulations d'air de montagne et de vallée affectent le mouvement de la pollution aérienne. Pendant l'hiver, la pollution aérienne est emportée hors de la vallée de Katmandou pendant le jour, ensuite les brises montagnardes forcent la pollution à retourner dans la vallée la nuit. Cela a pour résultat un niveau très élevé de particules suspendues de pollution pendant la nuit. Les sources majeures de pollution aérienne à Katmandou sont les émissions des véhicules et les effluves de nombreux fours à brique illégaux dispersés à travers la région de Katmandou.

Dashin Kali

Le trek est terminé, mais il nous reste encore deux jours pour parfaire notre connaissance des principaux sites de la vallée de Katmandu.

Ce matin, nous prenons le minibus pour Dashin Kali, du nom de la déesse Kali, ce village accueille régulièrement des milliers de népalais qui viennent sacrifier un animal en son honneur. La légende raconte que c'est ici que Kali a tué un démon et bu le sang de plusieurs animaux, d’où son côté sanguinaire! Ici le but des pèlerins le mardi et le samedi est d'atteindre le coeur du temple afin de faire bénir son animal par la statue représentant Kali.. Quand la bénédiction suprême est acquise, ils se dirigent vers le sacrificateur qui,un peu plus loin, coupe des têtes à tour de bras, sous l'oeil averti des fidèles, qui vérifient que le coup de couteau tranche bien comme il faut et sans faire souffrir la bête, le sang gicle et abreuve la déesse gourmande!

Sacrifice : nourriture des dieux

Selon la philosophie hindoue, le sacrifice est le moyen qui assure la primauté du sacré dans la vie quotidienne. Les textes védiques spécifient en effet, qu'il revient aux hommes de veiller à la subsistance et au bien-être des divinités qui, en retour, envoient la pluie dans les temps requis. Médiation entre les êtres visibles et invisibles, le sacrifice est, pour l'hindou, nourriture offerte aux dieux et c'est par le feu sacrificiel que celle-ci pourra atteindre le royaume des cieux.

Aujourd'hui n'est pas  jour de sacrifice. Nous assisterons quand même à la décapitation d'un coq dont la crête sera habillement récupérée par cet oiseaux.

La visite de ce monastère bouddhiste nous permettra de renouer avec une philosophie nettement moins sanguinaire et qui nous convient d'avantage.

Bungamati

A 6 km de Patan, Bungamati est un magnifique village qui semble oublié depuis des siècles ,construit dans un cadre entouré de rizières en terrasses et de champ de colza.

Le village date du 16ème siècle et est habité par des Newar bouddhistes essentiellement agriculteurs.

Les larges marches des rues pentues longées de belles maisons mènent jusqu’à une place centrale animée. L’un des deux temples abrite le célèbre dieu rouge Rato Machhendranath, dieu de l’agriculture.

Patan

Située au sud de Katmandou, Patan, qu'on appelait jadis Lalitpur, « la Belle Ville », est considérée comme le berceau des arts et de l'architecture newar qui ont marqué de leurs empreintes toute la vallée. Comme Bhaktapur, elle a mieux conservé son héritage culturel que la capitale Katmandou. Plusieurs artisans y perpétuent la tradition de la ferronnerie et de l'orfèvrerie. La ville compte plus de 50 temples majeurs. De nombreux stupas, chaytyas et bahals (anciens monastères bouddhistes) attestent que Patan est resté un bastion de Newars bouddhistes.

Les quatre stupas, érigés aux quatre points cardinaux, délimitaient à l'origine la cité. Situé au cœur de la ville, le Durbar Square, moins imposant que celui de Katmandou, n'en demeure pas moins l'une des plus belles places royales de la vallée. Cette place, fort animée, rassemble autour de l'ancien palais royal et de ses cours intérieurs (Sundari Chowk, Mul Chowk et Keshab Narayan Chowk), quantité de statues et de nombreux sanctuaires et temples à toits multiples superposés représentatifs de l'architecture newar.

Mahabuddha temple : le temple aux mille Bouddhas

Le "Mahabuddha temple" est un temple autour duquel se sont regroupées les échoppes des artisans-bronziers de Patan.

Notre guide est issu de plusieurs générations de fondeurs. Il nous fera découvrir la technique de la « cire perdue » pour la fonte des statues et les différents niveaux de finitions des Bouddhas dorés pour les temples, les maisons et les touristes.

Nous aurons aussi beaucoup de plaisir à être invités à la répétition d’une surprenante fanfare du quartier et de découvrir des sons et des accords franchement inhabituels.

Changunarayan

Le village de Changu Narayan se trouve à quelques kilomètres de Bhaktapur. C'est au sommet d'une colline à 1700 m d'altitude que se trouve le plus ancien sanctuaire de la vallée, construit au 6éme siècle en l'honneur de Vishnou. Narayan signifie Vishnou en hindou, tandis que Changu est le nom du Garouda, le dieu oiseau.

Le temple se trouve au milieu de bâtiments destinés à l'hébergement des pèlerins, et sa façade propose une riche décoration. La porte d'entrée est gardée par deux lions et est surmontée d'un Torana représentant Vishnou.

Tout autour du temple on peut voir de nombreuses sculptures de pierre représentant les différents dieux hindous, dont un Vishnou à dix têtes. En face du temple se trouvent deux statues de bronze représentant le roi de Bhaktapur, Bhupatindra Malla et sa femme, bienfaiteurs du temple.

Bhaktapur

Bhaktapur est située à environ 15 km de Katmandou dans la partie orientale de la vallée. Pour accéder à la cité, les touristes doivent s'acquitter d'une taxe de séjour.

Rivalisant autrefois avec Katmandou et Patan, Bhaktapur fut le véritable centre de rayonnement de la vallée, durant la période des trois royaumes, entre le XIVe et le XVIe siècle.

Durbar Square

Vaste esplanade où fourmillent temples, monuments et statues, le Durbar Square a été partiellement détruit lors d'un violent tremblement de terre en 1934, ce qui explique son aspect dégagé. Les bâtiments qui ont résisté ont été restaurés dans les années 1970 grâce au projet allemand de développement de Bhaktapur. Néanmoins, le square a manifestement conservé son caractère d'antan.

Sur la route du retour vers Katmandu nous découvrirons la façon de cuire des poteries en pleine rue.

La technique consiste à allumer un feu de paille sur les poteries de couvrir le tout avec une chappe de terre  et de  laisser couver le feu très lentement. Le potier veille sur son four rudimentaire en creusant de petites cheminées avec une longue perche métallique pour réguler le débit d'air et la combustion.

Il s'agit manifestement d'un spectacle distrayant pour ces riverains.

Katmandou

Située à 1350 m. d'altitude, Kathmandu est située au confluent de deux rivières : La Bagmati et la Vishnumati - La légende dit que la vallée n'était autrefois qu'un immense lac auquel seule une petite flamme sur un lotus  donnait vie - Un Sage s'arrêta pour méditer au bord de ses rives, et en songe il vit la flamme de l'Être Suprême Bouddha et décida de transformer le lac en une cité, la future Kathmandu, où il fit construire plus tard le Stupa de Swayambunath.

Pour qui n'a jamais mis les pieds au Népal, le choc est brutal. Des rues étroites où piétons, rickshaws, véhicules et motocyclettes se disputent l'espace en douceur dans un concert de klaxons et de clochettes. Une foule bigarrée qui va et vient dans un brouhaha incessant. Des maisons vétustes accrochées les unes aux autres entourées de ruelles sombres et humides où l'on ne peut circuler qu'à pied. Des vaches « sacrées » déambulant dans la ville et les bouses laissées dans leur sillage. Des amoncellements d'ordures à ciel ouvert. Des fils électriques courant en désordre le long des bâtiments donnant l'impression que toutes les installations sont temporaires. Quel délabrement!

Ce qui étonne à Katmandu, c'est que contrairement à chez nous, où les oeuvres témoignant des arts du passé sont exposées dans des musées aseptisés, ici, ils sont lieux de vie. On flâne sur les gradins des temples plusieurs fois centenaires en observant l'animation alentour sous la bienveillante protection des divinités. On y bât le riz au temps des récoltes. On applique la tika sur les vieilles statues de Shiva, Vishnu, Ganesh et Hanuman à l'heure de la puja. Portant certes les marques de l'usure, les joyaux culturels des temps anciens sont associés au quotidien et à la vie collective des habitants de la ville.

Comment ne pas s'émerveiller de ce mode de vie solidement enraciné et sans artifice ? Malgré les infrastructures urbaines déficientes, la pollution, le délabrement des bâtiments, les coupures de courant, la cacophonie des klaxons, l'aura de Katmandou reste étonnamment magique.

Durbar square

Depuis Thamel, des rues étroites bondées de Népalais et de touristes conduisent à Durbar Square, le coeur du vieux Katmandou. Cette grande place plonge le visiteur dans l'histoire de la cité.

Ancien palais royal Hanuman Dhoka gardé par le dieu-singe Hanuman. Kumari Bahal, maison de la déesse vivante Kumari. Statue de Kala Bhairab, le dieu féroce combattant les démons. Kasthamandap, vieux pavillon de bois duquel dériverait le nom de la cité. Temples consacrés à Shiva le dieu le plus vénéré du Népal, à Taleju la déesse tutélaire de la famille royale, à Krishna le dieu enjoué, à Ganesh le dieu à tête d'éléphant. Toutes ces divinités, et combien d'autres, semblent veiller sur la cité.

Les Népalais viennent honorer leurs divinités tour à tour puis s'arrêtent aux marchés à Asan Tole ou Indra Chowk, les carrefours les plus achalandés de la ville, qui ont néanmoins un petit air villageois. Au fil de la promenade, on se laisse tranquillement apprivoiser.